La dernière grande mobilisation des internes date de 2019 contre les dysfonctionnements de l’hôpital public et le non-respect du temps de travail.
Tous les internes de troisième cycle sont appelés à raccrocher leurs blouse et manifester dans la rue.
Des mesures “délétères” pour la spécialité, qui risquent d’entraîner une réelle pénurie de praticiens dans les territoires
Raphaël Presneau, président de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG).
Pourquoi les internes ont appelé à la mobilisation ?
Il y a urgence car dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale.
On en vient à vouloir légiférer sur la durée de formation des internes en médecine générale.
Cela paraît surdimensionné et complètement délétère : c’est beaucoup trop précipité.
Au-delà du PLFSS, neuf propositions de loi sont tombées cet été venant de tous bords politiques.
Qu’est-ce qui bloque avec la mesure du PLFSS?
Nous travaillons à faire en sorte qu’elle se déroule dans des conditions acceptables pour les internes.
Pour cela, il faut qu’on en connaisse les contours avant même de pouvoir envisager une date d’application, et ce n’est pas le cas.
Le projet actuel nous dit qu’elle sera effective début 2023 et que les étudiants concernés devront faire 100% d’ambulatoire en priorité dans les zones sous-denses.
Il faut qu’il y ait un cadrage beaucoup plus clair, que ce soit en termes de contenu pédagogique, de statut, de rémunération, de stages. Nous imposer une date butoir et nous dire que les discussions se feront après, ce n’est pas possible.
La grève est d’une semaine reconductible. Que demandez-vous concrètement à vos ministères de tutelle ?
Il faut retirer l’article 23 du PLFSS.
On demande également le retrait de toutes les propositions de loi coercitives déposées cet été. La suite de notre mobilisation sera vraiment dépendante de ce qu’il va se passer aujourd’hui et dans les prochains jours.
L’un des slogans de votre manifestation est : “La coercition n’est pas une solution”. Cette quatrième année d’internat en est une forme déguisée selon vous ?
On nous dit qu’on va devoir aller en priorité dans les zones sous-denses, mais tout dépend de ce qu’on entend par le mot “priorité”.
De nombreux amendements sont tombés courant de la semaine dernière pour le supprimer afin que nos stages se déroulent uniquement en zone sous-dense…
Le projet de loi en tant que tel existe, mais on a aucune garantie qu’il reste en l’état.
Il ne nous convient déjà pas de base et on se dit que ça peut être encore pire. Nous avons toutes les raisons de nous inquiéter.
Quelles seraient les conséquences ?
Il est très probable qu’on ne remplisse plus nos postes. La conséquence, in fine, c’est d’avoir moins de généralistes sur le terrain que les projections catastrophistes de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).
Avec le diplôme de médecine générale aujourd’hui, on peut faire plein d’autres choses que de la médecine générale traitante dans les cabinets ambulatoires telle que la population la conçoit. Les besoins sont partout : en centre hospitalier, en médecine scolaire… et les généralistes, pour éviter la coercition, pourront partir vers ces voies-là. On a chaque jour des messages de personnes paniquées pour l’avenir de la médecine générale, à la fois de leurs études et de leur métier.
Concrètement, si la quatrième année de médecine générale venait à passer à la rentrée prochaine, pourrait-elle être appliquée sur le terrain?
Ce sera très compliqué. Sur les trois dernières années, le nombre de maîtres de stage ambulatoires a augmenté de 9%… Si la mesure passe, on va doubler la charge de semestres ambulatoires au cours de l’internat. On a 12.000 MSU aujourd’hui et il en faudrait le double.
Source : Egora
https://www.egora.fr/etudiants/internat/76945-on-risque-d-avoir-moins-de-generalistes-sur-le-terrain-les-internes-en : Grande mobilisation des internes